Pour produire des contenus pédagogiques digitaux, il est préférable de s’appuyer sur une solide gestion de projet. Constat : aucune approche n’était jusque-là suffisamment agile et soucieuse de la valeur que ces contenus doivent créer pour les apprenants et l’organisation… Manque désormais comblé par « Scrum EDAT », une méthode signée ISTF.
Le « Cycle en V » : souvent inadapté
Les concepteurs et chefs de projet digital learning connaissent bien le « cycle en V », méthode présidant à la production de contenus pédagogiques digitaux (scénario, storyboard, production, recette) qui s’avère pertinente dans certains contextes.
Toutefois, elle ne répond plus pleinement aux besoins que les entreprises et les organismes de formation rencontrent dans la création de contenus. D’abord, parce que l’accélération et la massification des besoins en ressources pédagogiques digitales requièrent une grande réactivité : la notion de « time to delivery », c’est-à-dire le délai entre l’expression d’un besoin de formation et son déploiement auprès des apprenants, est plus que jamais une notion fondamentale. Ensuite, parce que ces contenus sont de plus en plus souvent produits en interne, par des formateurs, voire des experts métier, alors qu’ils étaient auparavant largement confiés à des studios e-learning professionnels.
ADDIE ou SAM : c’est mieux, mais…
Le constat ressemble à celui de la fin des années 80 dans l’informatique : c’est en 1986 que les prémices de Scrum voient le jour, les Japonais Hirotaka Takeuchi et Ikujiro Nonaka imaginant alors comment accélérer le développement d'un logiciel tout en conservant la plus grande flexibilité. Les méthodes agiles, dont Scrum, se sont alors largement répandues dans le monde de l’IT, pour gagner progressivement d’autres secteurs d’activité, notamment celui de la formation qui, avec l’émergence du digital learning, a pu tirer profit de ces approches agiles dans l’élaboration des contenus.
Des méthodes comme ADDIE ou SAM sont largement utilisées dans la réalisation de contenus e-learning, mais elles présentent l’inconvénient d’une trop grande imitation des méthodes SCRUM qui émanent de l’informatique. Bien qu’elles facilitent le respect des dates d’échéance, du budget, ainsi que la collaboration avec les experts métier, elles restent trop ancrées dans une approche d’équipe de production. Autrement dit, si elles sont utiles au pilotage d’un projet, on peut se demander quel est leur apport à la finalité visée par le projet, et donc aux besoins des apprenants et de l’organisation. Par ailleurs, si elles sont adaptées à la production dans des studios spécialisés, elles demeurent éloignées des attentes quotidiennes des équipes formations en charge de ce type de projet.
Scrum EDAT by ISTF
Il fallait revenir à ces sources, dans un esprit de pragmatisme, pour doter les professionnels de formation d’une méthode plus adaptée. C’est chose faite, par l’ISTF, grâce à sa méthode scrum EDAT.
La méthode se déroule en « sprint » (cycles courts de production) successifs de quinze jours, visant à faire passer le contenu d’un « état » à un autre.
Dans cette méthode à quatre états, le passage d’un état à l’autre est toujours précédé d’une question : « est-ce que la valeur apportée à la ressource pédagogique est à la hauteur de l’enjeu visé par la formation ? ». Selon la réponse, la ressource sera ou non développée pour passer à l’état suivant.
Chaque état vise une stratégie pédagogique bien précise (Évaluer, Développer, Ancrer, Transférer) pouvant être combinée avec d’autres modalités pédagogiques. La méthode propose une mécanique d’évaluation standardisée orientée sur l’utilisateur (« user centric »), c’est-à-dire portant l’attention sur la valeur créée pour l’apprenant.
De plus, elle évite qu’on se lance dans un projet de contenus e-learning sur la seule base d’une expression de besoin plus ou moins bien formalisée par un commanditaire. En effet, les exigences en matière d’approche scénaristique et de qualité multimédia sont souvent en décalage avec l’enjeu opérationnel. Le fait de présupposer l’efficacité de telle typologie de contenus e-learning expose fortement au risque d’obtenir des taux d’engagement décevants et, donc, un ROI décevant.
Fondant son premier état sur l’évaluation des compétences et des connaissances à même de servir les enjeux de la formation, la méthode structure et simplifie un travail souvent difficile. Ainsi, elle incite, par exemple, à s’interroger sur les erreurs que l’apprenant ne doit plus commettre une fois qu’il a suivi son module de formation, puis à s’interroger sur les questions qui permettront de s’assurer qu’il ne les commettra plus. Ce processus permet de créer des ressources e-learning sur les savoirs ou compétences qui sont véritablement sources de valeur individuelle et collective.
Les sprints de quinze jours proposés par la méthode débouchent très rapidement sur des contenus déployables et pouvant être modifiés et optimisés de sprint en sprint. Il ne s’agit pas de produire plus vite pour un « état » de contenus e-learning qu’avec une autre méthode (Cycle en V, ADDIE, SAM…), mais de répondre plus rapidement aux enjeux de la formation. Là encore, la valeur est au cœur.
En résumé, EDAT, c’est un concentré de savoir-faire, d’analyse, d’expérience et de recherches menées par le Lab pédagogique de l’ISTF dont le but (atteint !) est d'améliorer la gestion de projet, et, surtout, de renforcer la cohérence entre le besoin d’apprentissage et le module e-learning fourni.
|